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Citizen Kane

Quentin Billard

« Citizen Kane » fait partie de ses  éternels classiques du septième art que l’on ne présente plus. Premier  long-métrage hollywoodien du jeune Orson Welles tourné en 1941, «  Citizen Kane » raconte l’ascension et la chute d’un magnat de la presse  américaine dans l’Amérique de 1940. Charles Foster Kane (Orson Welles)  meurt dans son gigantesque manoir de Xanadu après avoir prononcé dans  son dernier souffle le mot « Rosebud » en laissant échapper une boule de  Noël. La presse s’intéresse alors à l’ultime mot énigmatique prononcé  par le milliardaire avant son décès. Le journaliste Thompson est chargé  de percer le mystère du mot « Rosebud » et décide alors de rencontrer  tous ceux qui ont bien connu Charles Foster Kane dans sa vie passée. Au  gré de ses rencontres, Thompson découvre le passé agité de Kane :  arraché très jeune à sa mère qui hérita par hasard d’une mine d’or, le  jeune Charles fut élevé par un banquier, Mr. Thatcher, afin de le  préparer à gérer sa fortune à l’âge de 25 ans. A l’âge adulte, Kane  devint un grand magnat de la presse américaine et épousa la nièce du  Président des Etats-Unis. Il décida ensuite de se lancer dans la  politique, mais sa carrière fut stoppée net par un scandale révélant une  liaison adultère entre le politicien et une jeune pseudo-cantatrice  d’opéra, Susan Alexander. Il décida ensuite d’épouser la chanteuse pour  qui il construira un énorme opéra et le fastueux manoir de Xanadu. Mais  sa nouvelle épouse, lasse de tant de luxe et de richesse, décidera de  quitter Charles pour de bon. Cet événement conduira Charles Foster Kane à  sa perte. « Citizen Kane » est un film majeur dans l’histoire du  cinéma, souvent considéré comme le meilleur film de tous les temps et  connu pour ses innovations cinématographiques et narratives. Saisissant  son expérience passée à la radio dans les années 30, le jeune Orson  Welles fit appel à une partie des acteurs de sa troupe de théâtre du  Mercury Theater pour le casting du film – alors quasiment constitué  d’acteurs débutants et méconnus à l’époque – tandis que le réalisateur  campa le rôle de Charles Foster Kane à l’écran avec brio et conviction.


La  narration du film, révolutionnaire pour l’époque, est quasiment  entièrement construite sur une série de flashbacks – cela paraît banal  aujourd’hui, mais pour un film de 1941, c’était extrêmement moderne et  anti-conventionnel – qui permettent de revenir sur le passé du  personnage principal campé par Orson Welles. Certaines scènes sont même  racontées successivement par deux personnages différents, apportant un  éclairage nouveau à chaque récit. En s’affranchissant des règles  habituelles de la narration cinématographique, le cinéaste faisait déjà  de « Citizen Kane » un film moderne et révolutionnaire pour l’époque. La  mise en scène, extrêmemement élaborée, utilise toutes les possibilités  de la caméra à l’époque : en plus de trucages visuels et d’effets  spéciaux assurés par Vernon L. Walker, le film repose aussi sur une  série de plans en plongée et contre-plongée représentant des moments-clé  dans le récit de Kane (le discours politique contre Jim Gettys, la  dispute dans la chambre avec Susan, la demande de mutation de Leland à  Kane, etc.), mais en inversant la symbolique ordinaire des plans : la  contre-plongée devient ici le faire-valoir du pouvoir et de l’orgueil de  Kane qui dépasse l’homme et l’écrase sous le poids de ses fautes.  Certaines scènes sont d’une inventivité visuelle confondante, comme  cette scène où Kane passe devant une série de miroirs qui reproduisent  son reflet à l’infini, des plans qui ne sont pas sans rappeler certaines  oeuvres picturales du début du 20ème siècle. Enfin, le succès du film  fut tel qu’il devint une véritable icône dans la culture populaire au  fil des années, cité par de nombreux cinéastes du monde entier et des  artistes d’horizons divers. Quand à l’anthologique « Rosebud », ce mot  énigmatique – et peut être le plus célèbre de l’histoire du cinéma -  continue de traverser les époques et de susciter la curiosité et  l’enthousiasme de milliers de cinéphiles, un véritable coup de génie en  somme pour ce qui reste, à n’en point douter, un classique insurpassable  du septième art.


Orson Welles décida de confier la musique de «  Citizen Kane » au jeune Bernard Herrmann, avec lequel il travailla  quelques temps à la radio entre les années 1937 et 1939 pour le compte  de la CBS. Herrmann faisait d’ailleurs partie de l’équipe du Columbia  Workshop dirigée par Norman Corwin et Orson Welles avant de devenir chef  d’orchestre pour le Mercury Theater on the air de Welles, qui fut à  l’époque la première équipe américaine de théâtre à travailler pour la  radio. C’est d’ailleurs à cette époque qu’Orson Welles se fit connaître  grâce à son spectaculaire et célèbre dramatique radio de 1938 inspiré du  « War of the Worlds » d’H.G. Wells. C’est en 1939 que le cinéaste  décida d’aller à Hollywood en emmenant avec lui le jeune Bernard  Herrmann qui composa alors, à l’âge de 30 ans, la musique de « Citizen  Kane ». Herrmann profita de son expérience passée à la CBS pour composer  la musique du film d’Orson Welles à la manière de ses travaux pour la  radio : à contrario de bon nombres de partitions musicales du cinéma  hollywoodien des années 30/40, la musique de « Citizen Kane » alla  d’emblée à l’encontre du concept de musique au kilomètre utilisée de  façon quasi non-stop comme le voulait la tradition de l’époque (on pense  aux oeuvres de Korngold ou de Steiner par exemple) en imposant une  approche des images plus morcelée et offrant davantage d’espace aux  silences : ainsi, la plupart des morceaux composés par Herrmann étaient  utilisés pour servir de transition entre deux scènes ou pour renforcer  des effets de montage, chose assez moderne pour l’époque encore une  fois. Le compositeur fut aussi relativement libre de choisir son  instrumentation comme il le souhaitait lors des sessions  d’enregistrement : c’est pourquoi il décida très rapidement de mettre en  avant des orchestrations assez inhabituelles comme le fameux quatuor de  flûtes basse utilisées en ouverture du film, un trait caractéristique  du style de Bernard Herrmann qui deviendra par la suite l’une des  marques de fabrique de la musique du compositeur – pour un jeune  compositeur qui livre sa première expérience pour le cinéma, c’est déjà  assez remarquable. Herrmann utilisa aussi le principe du leitmotiv pour  élaborer sa partition, tout en refusant l’approche mélodique habituelle,  privilégiant davantage les sonorités instrumentales ou les motifs  harmoniques. Enfin, « Citizen Kane » permit aussi à Bernard Herrmann de  composer un air d’opéra original pour la scène où Susan interprète le «  Aria from Salammbô », d’après un texte tiré du célèbre roman de Gustave  Flaubert paru en 1862, déjà mis en musique dans le passé par Ernest  Reyer puis par Modeste Moussorgski.


Le film débute au son du  sombre « Prelude », dominé par des orchestrations à base de bois graves  et de vibraphone : on découvrait ainsi dès 1941 le son orchestral  typique de Bernard Herrmann : clarinettes basse, basson/contrebasson,  quatuor de flûte basse et de flûtes alto, trompettes et vibraphone  suffisent à créer une atmosphère lugubre et funèbre dès les premiers  plans où l’on aperçoit au loin le manoir abandonné de Xanadu – on notera  ici l’absence des cordes et la prédominance des bois, qui apportent une  couleur particulière à l’ouverture du film. Les bois développent ici le  thème principal du score, motif de 5 notes sombre et mystérieux associé  à Charles Foster Kane dans le film. Fait amusant : Herrmann a toujours  prétendu être contre le principe du leitmotiv en musique, mais sa  musique pour « Citizen Kane » contient tout de même deux thèmes : un est  associé à l’enfance de Kane et à son traîneau (entendu aux bois dès le  début de « Prelude »), l’autre à l’ascension sociale de Kane adulte. Le  dit motif revient ensuite dans « Rain » avec l’ajout des cordes et de la  harpe, en plus des bois et du vibraphone. Dans « Litany », la musique  prend une tournure plus harmonique et presque religieuse avec  l’utilisation étonnante de trompettes en sourdine wah-wah avec une harpe  et quelques bois. Le thème de Kane revient dans « Manuscript Reading  and Snow Picture » où dominent encore une fois ces instruments à vent  mystérieux et latents qui créent une atmosphère intrigante au début du  film, annonçant clairement le style des futures partitions thriller  d’Herrmann dans les années 50/60. Cette fois-ci, le thème est associé à  des accords plus lumineux et signes d’espoir, où il est alors question  de l’enfance de Kane. On notera aussi la prédominance des motifs  harmoniques (et non mélodiques) et des notes obsédantes et répétitives,  autre trait caractéristique du style de Bernard Herrmann. La musique  devient heureusement plus exubérante dans « Snow Picture » avec ses bois  sautillants pour le flashback sur l’enfance de Kane chez ses parents.  Le morceau est important, car il introduit le deuxième thème de la  partition, thème lié à l’enfance de Kane, confié ici aux cordes. «  Mother’s Sacrifice » crée inversement une atmosphère dramatique pour le  départ de l’enfant et la séparation avec ses parents, reprenant et  développant le thème de 5 notes de Kane de manière tragique. Les cordes  deviennent ici plus chaleureuses et poignantes tout en jouant sur une  retenue émouvante et mélancolique. On découvre la facette plus  romantique d’Herrmann dans « Charles Meets Thatcher » (avec sa reprise  lyrique du thème de l’enfance) et une musique plus exubérante et très  colorée dans « Galop » servie par des orchestrations extrêmement riches  qui doivent autant à l’école russe du 19ème siècle qu’à celle de Richard  Strauss ou Richard Wagner. Et comme souvent chez Herrmann, la musique  fonctionne ici sur la rupture et l’idée de la suspension : on retrouve  ainsi les flûtes répétitives dans la reprise de l’énigmatique thème  principal de 5 notes dans « Second Manuscript », qui nous invite à  partager une nouvelle séquence de flashback en suggérant la sensation de  temps suspendu et de retour dans le passé, une brillante idée  qu’explore Herrmann dans sa musique tout au long du film. Les scènes de  transition comme « Thanks » ou « Dissolve » n’apportent pas grand chose  en terme d’écoute, mais permettent de cimenter les transitions dans le  film, à la manière des programmes musicaux de la radio de la CBS pour  lesquels Herrmann composa dans les années 30.


Le compositeur  varie les ambiances à loisir et saisit l’opportunité de s’exprimer dans  des styles différents, comme le joyeux ragtime jazzy de « Kane’s New  Office » évoquant l’ascension sociale de Kane dans la presse, ou la  polka sautillante de « Hornpipe Polka », sans oublier le très dansant «  Carter’s Exit ». La partie centrale du film évoquant l’ascension sociale  et politique de Charles Foster Kane permet à Bernard Herrmann de  développer une série de scherzos joyeux et très classiques d’esprit,  influencés par la musique symphonique américaine : on pense autant à  Georges Gershwin qu’à Aaron Copland dans des morceaux insouciants et  joyeux évoquant la vivacité du jeune Kane en pleine force de l’âge.  Autre élément important : la quasi absence des deux thèmes, hormis la  reprise subite et inattendue du thème principale à la fin de « Carter’s  Exit ». Un morceau comme « Chronicle Scherzo » évoque clairement les  orchestrations et la vivacité des ballets américains d’Aaron Copland  avec un sens du rythme ludique assez similaire, tout comme « Bernstein’s  Presto » nous renvoie à l’insouciance des musiques viennoises du 19ème  siècle. Le scherzo américain de Kane revient dans « Kane’s Return »,  mais la partition ne tarde pas à prendre un autre tournure alors qu’à  l’écran, on assiste à la première déconvenue de Kane suite à la grande  dépression de 1929, obligé de quitter son journal, le « Inquirer ». Le  thème de l’enfance revient aux bois dans « Sunset Narration » de manière  mélancolique, comme une sorte de retour à la réalité : après  l’insouciance, place aux regrets et à l’amertume refoulée pour Kane, «  Sunset Narration » restant un morceau extrêmement poignant et profond  dans ce qu’il cherche à évoquer – les regrets d’une époque passée et de  la chaleur d’un foyer familial que Kane ne connaîtra jamais (d’où  l’énigme associée au traîneau). Dans « Valse Presentation », Herrmann  introduit un thème de valse viennoise pour le couple Kane/Susan, qui  tombe très vite dans la routine de la bourgeoisie américaine et  fastueuse. Herrmann développe le thème de valse dans l’excellent « Theme  and Variations » dominé par les cordes et les vents, tandis que « Kane  and Susan » reprend le thème de l’enfance de Kane avec un lyrisme  poignant. Evitant toute envolée romantique qu’Herrmann n’appréciait  guère par nature, « Susan’s Room » privilégie à contrario un lyrisme  retenu sans aucun artifice mélodramatique, suggérant de manière délicate  et touchante le thème de l’enfance dans un style similaire à « Kane and  Susan ». La musique devient alors plus sombre et dissonante avec « The  Trip » et « Getty’s Departure », marquant un tournant dans l’existence  chamboulée de Kane. A contrario, suivant sa logique de la rupture,  Herrmann reprend le thème de Kane dans une forme plus joyeuse et  exubérante pour le mariage de Kane et Susan dans « Kane Marries », aux  allures de flonflon populaire. C’est alors que le compositeur nous  dévoile l’un des sommets de la partition de « Citizen Kane », le superbe  air d’opéra « Salaambo’s Aria », interprété dans le film par Susan.  Véritable création artistique de Bernard Herrmann sur des paroles de  John Houseman d’après un texte de Phèdre, le célèbre « Salaambo’s Aria »  évoque les grands arias d’opéras romantiques du 19ème siècle, et plus  particulièrement ceux de Richard Strauss. Le morceau se termine  d’ailleurs par un fameux contre-ut virtuose et spectaculaire de la part  de la cantatrice. A noter que l’aria d’Herrmann a été souvent repris par  la suite, l’une des plus belles interprétations restant à coup sûr  celle de la soprano Kiri Te Kanawa avec le National Philharmonic  Orchestra dirigé par Charles Gerhardt en 1974.


Avec « Leland’s  Dismissal », Kane entame sa descente aux enfers suite au renvoi de son  fidèle ami Leland. Le thème de 5 notes de Charles Foster Kane devient  ici plus menaçant et agressif avec ses cuivres sombres et ses timbales  agressives. Elément sonore intéressant ici : « Leland’s Dismissal » se  conclut sur un accord d’orgue quasi liturgique et mystérieux annonçant  la tonalité funèbre du dénouement final. Dès lors, un morceau comme «  Xanadu » confirme l’orientation sombre et funèbre de la dernière partie  du film et de la musique en développant quasi conjointement les thèmes  de Kane et de l’enfance. Dans « Xanadu » et « Second Xanadu », on se  rapproche indiscutablement du style et des sonorités du sombre « Prelude  ». L’innocence passée fait place aux désillusions et à l’amertume dans «  Kane’s Picnic », dans lequel Herrmann corrompt de manière subtile la  mélodie aux allures de flonflon populaire de « Kane Maries » avec des  cuivres en sourdine superposés brillamment au thème de Kane. Le thème de  l’enfance est repris avec une douce mélancolie dans « Susan Leaves »,  suggérant la fin du couple. Enfin, l’histoire aboutit à son dénouement  final tragique dans « The Glass Ball » et « Finale », dévoilant les deux  thèmes principaux de la partition pour une conclusion dramatique  absolument saisissante. Voici qui conclut ainsi ce monument de la  musique de film hollywoodienne, la toute première partition musicale de  Bernard Herrmann pour le cinéma et un premier chef-d’œuvre resté inégalé  à ce jour : la musique de « Citizen Kane » est un modèle d’illustration  musicale d’un film, variant les styles et les ambiances à loisir (jazz,  pastiches de musique américaine de l’époque, valse viennoise, aria  d’opéra romantique, etc.) tout en affirmant la grande personnalité de  musicien si singulière d’un jeune Bernard Herrmann extrêmement motivé et  passionné par son sujet, qui saisit l’opportunité grâce au film d’Orson  Welles de nous livrer cette brillante partition évoquant les  différentes facettes fort complexes du personnage énigmatique de Charles  Foster Kane : avec sa structure morcelée (rare à l’époque), son  approche psychologique du personnage, ses développements thématiques  subtils, ses orchestrations atypiques et sa variété d’ambiances et de  trouvailles musicales, « Citizen Kane » reste à ce jour un classique  incontournable de la musique de film américaine, un chef-d’oeuvre à ne  manquer sous aucun prétexte !

by Pascal Dupont 10 May, 2024
Charles Allan Gerhardt English version adapted by Doug Raynes - FRENCH VERSION AND COLLECTION had a reputation as a great conductor, record producer and musical arranger. His major work at RCA on the Classic Film Scores series earned him recognition from film music devotees of Hollywood’s Golden Age, as well as other renowned conductors of his day. Born on February 6, 1927 in Detroit, Michigan, Charles Gerhardt developed a passion for music and percussion instruments from an early age. At the age of five, he took piano lessons, and by the age of nine, had established a solid reputation as an orchestrator and composer. He spent his early school years in Little Rock, Arkansas, then after 10 years, having completed his schooling, moved with his family to Illinois for his military duties, he served in the U.S. Navy during World War II as a chaplain's aide in the Aleutian Islands, then became an active member of the Veterans of Foreign Wars. He went on to study at the University of Illinois, at the College of William and Mary, and later at the University of Southern California. Throughout his time at school Gerhardt was attracted not only to music, but also to the sciences. Passionate about the art of recording, he joined Westminster Records for five years, until the company ceased operations, and then joined Bell Sound. One day, he received a phone call from George Marek to meet with the heads of Reader's Digest, to discuss producing recordings for their mail-order record business; a contact that was to secure his musical future and a rich career spanning more than 30 years. Gerhardt's first job for Reader's Digest was to produce a record; “A Festival of Light Classical Music”; a 12 LP box set that he produced in full. One of Gerhardt's finest projects was the production of another 12 LP box set, “Les Trésores de la Grande Musique (Treasury of Great Music)”, featuring the Royal Philharmonic Orchestra conducted by some of the leading figures of the day: Charles Munch to Bizet and Tchaikovsky, Rudolf Kempe to Strauss and Respighi, Josef Krips to Mozart and Haydn, Antal Dorati to Strauss and Berlioz, Brahms 4th Symphony by Fritz Reiner and Sibelius’ 2nd Symphony by Sir John Barbirolli. In the 1950s he conducted works by Vladimir Horowitz, Wanda Landowska, Kirsten Flagstad and William Kapeli. In the early 1960s, Gerhardt lived in England, where he made most of his recordings, but kept a foothold in the United States, mainly in New York. Often, when he went to the United States after a period of recording sessions, he would stop off in Baltimore and spend some time listening to cassettes of his new recordings. Gerhardt loved percussion instruments, especially tam-tams. One of his favorite recordings was the Columbia mono disc of Scriabin's Poem of Ecstasy, with Dimitri Mitropoulos and the New York Philharmonic. He had great admiration and respect for the many conductors he worked with, starting with Arturo Toscanini, with whom he worked for several years before the Maestro's death. It was Toscanini who suggested that Gerhardt become a conductor, which he did! His career as an orchestra director began when he had to replace a conductor who failed to show up for rehearsals. It was a position he would later occupy for various recording sessions and occasional concerts. His classical recordings include works by Richard Strauss, Tchaikovsky, Wagner, Ravel, Debussy, Walton and Howard Hanson. Hired by RCA Records, he transferred 78 rpm recordings of Enrico Caruso and other artists to 33 rpm. He took part in recordings by soprano singer Kirsten Flagstad and pianist Vladimir Horowitz. He worked with renowned conductors such as Fritz Reiner, Leopold Stokowski and Charles Munch, from whom he learned the tricks of the trade. Still at RCA, he assisted Arturo Toscanini, with whom he perfected his conducting skills. Then, in 1960, he produced recordings for RCA and Reader’s Digest in London, and joined forces with sound engineer Kenneth Wilkinson of Decca Records (RCA's European subsidiary), The two men got on very well and shared a passion for recording and sound quality, making an incredible number of recordings over a 30-year period. Also in 1960, RCA and Reader's Digest entrusted him with the production of a 12-disc LP box set entitled “ Lumière du Classique (A Festival of Light Classical Music) ”, sold exclusively by mail order. With a budget of $250,000, Gerhardt assumed total control of the project: repertoire, choice of orchestras and production. He recorded in London, Vienna and Paris, and hired such top names as Sir Adrian Boult, Massimo Freccia, Sir Alexander Gibson and René Leibowitz. The success of this project, in terms of both musical quality and sound, earned him recognition from his employers. Other projects of similar scope followed… A boxed set of Beethoven's symphonic works with René Leibowitz and The Royal Philharmonic Orchestra. A boxed set of Rachmaninoff's works for piano and orchestra with Earl Wild, Jascha Horenstein and the Royal Philharmonic Orchestra, the above mentioned 12 LP disc set “Trésor de la Grande Musique (Treasury of Great Music)” with the Royal Philharmonic conducted by some of the greatest directors of the time: Fritz Reiner, Charles Munch, Rudolf Kempe, Sir John Barbirolli, Sir Malcolm Sargent, Antal Dorati and Jascha Horenstein, with whom Gerhardt had sympathized. In January 1964 in London, Gerhardt joined forces with Sidney Sax, instrumentalist and conductor, to form a freelance orchestra. This successful group went on to join the National Philharmonic Orchestra of London, an impressive line-up that would later become Jerry Goldsmith's orchestra of choice. With Peter Munves, head of RCA's classical division, he conceived the idea of recording an album devoted exclusively to the film music of Erich Wolfgang Korngold, one of his favorite composers. Enthusiastic about the project, Munves gave Gerhardt carte blanche, and was offered a helping hand by George Korngold, producer and son of the famous Viennese composer, who owned all the copies of his father's scores. The Adventure Began : The Sea Hawk: Classic Film Scores of Erich Wolfgang Korngold. For this first disc, Gerhardt selected 10 scores by Korngold, which he recorded in the Kingsway Hall Studio in London, renowned for its excellent acoustics. The disc thus benefits from optimal recording conditions, favoring at the same time the performances of the National Philharmonic (and its leader, Sidney Sax), a formidable orchestra made up of London's finest musicians and freelance soloists. Each album was recorded in the same studio, with Kenneth Wilkinson as sound engineer and George Korngold as consultant/producer. As soon as it was released, the album's success received strong acclaim in classical music circles and received a feature in Billboard No. 37, a first in this category in December 1972. It took no less than a year to sell the first 10,000 copies in all the specialist record suppliers and the album went on to sell over 38,000 copies, making it the fifth best-selling album in the “classical” category in 1973. On the strength of this success, Peter Munves and RCA entrusted Charles Gerhardt with the production of further discs devoted to other world-renowned composers of Hollywood music. The program includes several albums dedicated to Max Steiner and Erich Wolfgang Korngold plus one each to Miklos Rozsa, Franz Waxman, Dimitri Tiomkin and Bernard Herrmann, followed by 3 volumes associated with specific film stars such as Bette Davis, Errol Flynn and Humphrey Bogart. Then, a disc devoted to Alfred Newman, a composer who was a pillar of the famous Hollywood sound, who Gerhardt admired and had met: “Newman was a charming man, full of good humor. He was friendly, fun and always had a joke. With his eternal black cigar in hand, he was a composer by trade, down-to-earth, discussed little about himself but was a first-rate advisor in my life. “ Gerhardt would consult certain composers in advance about how to recreate suites from their works, or when this wasn't possible, he would rearrange the suites himself and submit them to the composers for approval. "Some critics complained that my suites were too short, but my aim in the case of each album was to present a well-split 'portrait' of the composer, highlighting his many creative facets". Although Korngold, Newman and Steiner were no longer around to lend their support, Gerhardt was lucky enough to still work with Herrmann, Rózsa and Tiomkin as consultants who turned up at the recording studio to lend a hand. Gerhardt also had the idea of creating albums focusing on a single film star. Three specific volumes were devoted to music from the films of Humphrey Bogart, Errol Flynn and Bette Davis. Although these albums suffer from too great a diversity of genres, they still offer the chance to hear and discover rare and previously unpublished compositions. The best conceived album was arguably the one devoted to Bette Davis. Conscious of the important role played by music in her films, the legendary actress took part in the conception of the album, knowing that it favored scores by Max Steiner designed for Warner Bros. The Collection Begins ! Gerhardt's passion for certain composers knows no bounds, but he soon envisages a disc devoted to Miklos Rozsa, including suites for “Spellbound” and “The Red House”, one of his favorite scores, which he will exhume to create one of the longest suites in the series. At the same time, he received various fan wish lists and films to watch, such as “The Four Feathers”, which he had never seen and which gave him the opportunity to discover a splendid score by Miklos Rozsa that he had never heard before. He was disappointed, however, not to be able to conceive a longer “Spellbound” sequel for rights reasons. Despite RCA's full approval, Gerhardt realized that it was not easy to record film music in its original form, as few were ever edited, played and made available for rental. For The Sea Hawks album, things were simpler, as Georges Korngold had copies of his father's scores, and Warner Bros had also archived material in good condition. From the outset, Gerhardt encountered other major problems in the search for and discovery of scores hidden away in other studios, often with the unpleasant surprise of discovering missing or incomplete conductors, or others heavily modified by orchestrators during recording sessions, or the surprise of discovering, in certain cases, instrumentation information noted in shorthand on the edges of the conductor score. For the disc dedicated to Max Steiner, for example, the conductor score for “King Kong” had disappeared from the RKO archives, having been shipped in 1950 to poorly maintained warehouses in Los Angeles where it had become totally degraded and illegible. With the help of Georges Korngold, Gerhardt was able to reconstruct a substantial suite from the piano models left by Steiner at the time. This experience was repeated when the conductor score for Dimitri Tiomkin's “The Thing” was discovered in the same warehouse, in an advanced state of disintegration. Fortunately for Gerhardt, Tiomkin, who was still alive, had been able to provide precise piano maquettes with orchestration information in shorthand, revealing a complex and highly innovative style of writing. Tiomkin always composed at the piano, inscribing very specific information and signs on the edges of the scores in pencil, an ingenious system of his own invention that was difficult to decipher. “Revisiting the score of ‘The Thing from Another World’ was a complex task, involving experimental passages and an unorthodox orchestra. You can understand that I had a huge job on my hands. When I approached the recording sessions, it was not without some trepidation. However, the composer present made no criticism or comment on my work, and was delighted. He was delighted.” For “Gone With The Wind”, Steiner was against the idea of remaking a complete soundtrack, as he felt that too many passages were repeated. It was an opportunity for him to revisit his own score, integrating his favorite melodies. This synthesis gave him the opportunity to revitalize his music by eliminating the least interesting parts of the score. Conceived as long suites or isolated themes, the discs reflect the essence of the composers' work. The “Classic Film Scores” series by Franz Waxman, Bernard Herrmann and Miklos Rozsa etc will become a big hit with collectors. For Gerhardt, this will be an opportunity to unearth forgotten or rare scores such as Herrmann's “The White Witch” and “On a Dangerous Ground”, Hugo Friedhofer's “The Sun Also Rises” and early recordings for Waxman's “Prince Valliant” and Rozsa's “The Red House”, all with new, impeccable acoustics. For “Elisabeth and Essex”, Erich Korngold had already prepared a suite in the form of an Overture, which was given its world premiere in a theater. The suite for “The Adventures of Robin Hood” also pre-existed. Franz Waxman created his own suite for “A Place in the Sun”, which was also performed in concert. Dimitri Tiomkin, Miklos Rozsa and Bernard Herrmann acted as consultants and contributed arrangements to their scores. For the continuation of “White Witch Doctor”, Bernard Herrman added percussion to link the different musical tableaux. He did the same for the different parts of “Citizen Kane”. Miklos Rozsa saw an opportunity to add a male choir to the suite from “The Jungle Book”, based on an idea by Charles Gerhardt. For the record dedicated to Errol Flynn, Gerhardt re-orchestrated the theme “The Lights of Paris” from Hugo Friedhofer's “The Sun also Rises”, as the original was no longer available. “I wanted to go back to that time and systematically explore the very substance of the great film scores of the late 30s and 40s, sending them back directly to their images as dramatic entities. The desire to rediscover tunes we know and to take into account the contexts in which they were originally used. I decided to recreate these scores with their original orchestrations, and this could only be done by returning to the ultimate sources, as the composers had originally conceived them.” Keen to open up the collection to other genres, such as science fiction, Gerhardt dedicated two further albums to the series in 1992. The first featured contemporary sequels to “Star Wars” and “Close Encounters of the Third Kind”, promoting the work of John Williams, a leading composer of new film music. Then another called “The Spectacular World of Classic Film Scores”, presenting a disappointing compilation of scores that had already been recorded, except for the creation of a sequel to Dimitri Tiomkin's “The Thing From Another World” and Daniele Amfitheatrof's rarely heard theme “Dance of the Seven Voiles” from Salome. In 1978, the collection was published in Spain by RCA Cinema Treasures. In the USA and Europe, the Classic Film Scores LP series was reissued in the early 80s with a black art deco cover and colored star index. All Volumes in the First Series Were Reissued : By the end of the '80s, the series was running out of steam, and Charles Gerhardt planned to relaunch his collection with albums dedicated to famous American actresses, a new volume for Max Steiner and the Western, a volume reconstructing the score of Waxman's “The Bride of Frankenstein”, followed by volumes devoted to Alex North, Hugo Friedhofer, Victor Young and Elmer Bernstein... But RCA would not support Gerhardt in these projects, preferring to release the collection on CD for the first time. In early 1990, RCA asked Gerhardt to supervise and co-produce the collection, which he saw as an opportunity to revisit some of the volumes, inserting tracks that had not appeared on the LPs or extending certain suites. The volume devoted to Franz Waxman, “Sunset Boulevard”, was the first to be released. The CD did not benefit from any particular promotion, but sold very well, as did the other CDs that followed... A collection marked by a new design in silver pantone. The CDs series was reissued in 2010, still under the RCA Red Seal label, but distributed by Sony Music Entertainment. RCA Victor's Classic Films Scores series represents a unique collection in the history of film music recordings. 14 recordings of rare quality, produced by Georges Korngold and Charles Gerhardt to become one of the revelations of the reissue phenomenon. Other Concepts... Later, Gerhardt spent most of his time in London, continuing to make recordings. After retiring from RCA in 1986, he returned to independent work for Readers Digest and other record labels, a position he held in production and musical supervision until 1997. Since 1991 he had lived in Redding, California. In later years, he did not appear professionally, refusing all public invitations because of his desire to remain discreet. In his entourage he was close to three cousins, Lenore L Engel and Elizabeth Anne Schuetze, both living in San Antonio, and cousin Steven W Gerhardt of St. Pete Beach, Florida. In late November 1998 Charles Gerhardt was diagnosed with brain cancer and died of complications following surgery on February 22, 1999. He was 72 years old. Thus ends this tribute to Charles Gerhardt and the most famous collection of film music records: The Classic Film Scores series.
by Doug Raynes 24 Jan, 2024
Following on from Tadlow’s epic recording of El Cid, the same team – Nic Raine conducting and James Fitzpatrick producing – have turned their attention to a completely different type of epic film for the definitive recording of Ernest Gold’s Academy Award winning score for Otto Preminger’s Exodus (1960). The score is something of a revelation because aside from the main theme, the music has received little attention through recordings. Additionally the sound quality of the original soundtrack LP was disappointing and much music was deleted or cut from the film.
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