A King for a King

Pascal Dupont

Cinéaste emblématique, Henry King fut un des piliers des studios de la Fox. C’est lors des tournages qu’il rencontre Tyrone Power qui va devenir le temps de quelques films, l’un de ses acteurs fétiches. Comme beaucoup de directeurs connus de l’époque du Golden âge, King associe à ces images, un son, une musique, un signature et pas n’importe laquelle, celle d’Alfred Newman, grand directeur du secteur musicale de la fameuse firme.

Anthologie ou rétrospective, ce coffret nommé KING AT FOX pourrait tout aussi bien s’intitulé « Newman at Fox » car c’est bel et bien de musique dont il est question dans ce généreux coffret dédié à la musique du maestro Alfred Newman pour le cinéma d’Henry King.

THE BLACK SWAN, THE SONG OF BERNADETTE, WILSON, PRINCE OF FOXES, THE GUNFIGHTER, DAVID AND BATHSHEBA, LOVE IS A MANY-SPLENDORED THING… Des films un peu oubliés de nos jours mais qui eurent une grande portée cinématographique en leur temps, comme leurs musiques. Compositeur en tout genre, la liste des musiques importantes écrites par Alfred Newman à cette période est impressionnante, on parle de grandes œuvres mais aussi de partitions monumentales créés pour des genres aussi variés que le religieux, le western, le drame, l’Histoire… C’est certainement dans ce registre que Newman s’est montré le plus inventif et créatif en développant des séquences musicales hallucinantes, puissantes, techniques, sophistiquées et souvent transcendées par des leitmotivs vifs, panachés et inoubliables. C’est sans aucun doute pour le film CAPTAIN FROM CASTILLE d’Henry King, en 1947, que Newman démontrera toute l’étendue de son savoir créatif pour un film de costumes.

Cette grandiose épopée, consacrée à un jeune noble Espagnol Pedro de Vargas, fuyant l’inquisition et rejoignant les forces armées du marquis conquistador « Cortez », lors de la conquête du Mexique. Cette oeuvre musicale riche, puissante et colorée de plus d’une heure allait devenir avec le temps une des partitions les plus importantes du maestro Newman. Particulièrement investit, le compositeur écrit tout en finesse de nombreux thèmes et développe une trame sonore de caractère espagnole, puisant de temps à autres son inspiration dans l’école nationale d’Isaac ALBANIE et de Manuel de FALLA puis dans celle de Debussy et de Ravel, eux même influencés par la musique de tradition ibérique. Mais c’est aussi dans le registre du folklore andalou que Newman trouvera d’autres inspirations et couleurs.

Sa musique retranscrit à merveille la vie des habitants du « Nouveau Monde » et reflète dans son matériel thématique et son instrumentation de nombreuses caractéristiques de la musique Aztèque. Du moins, celle que nous pouvons imaginer à travers les reconstitutions de l’histoire. Cet élan de panache et de création vaudra à Alfred Newman en 1948 sa 24 ème nomination aux Oscars© mais c’est Miklos Rozsa qui remportera la statuette d’or pour A DOUBLE LIFE de George Cukor.

Cependant, Newman obtiendra en cette même année un autre Oscars© pour la meilleure musique d’une comédie musicale; MOTHER WORE TIGHTS de Walter Lang. CAPTAIN FROM CASTILLE fut l’une des rares musiques de film de cette période à avoir fait l’objet d’une édition quasi complète en disque. Dans un communiqué de presse, on apprenait qu’Alfred Newman devait faire don de tous ses droits d’auteur des ventes du disque à la « Damon Runyon Cancer Research Foundation ». 20 ans plus tard, la remarquable marche intitulée « Conquest », entendue dans le finale du film, fut adoptée comme hymne par l’Université de Californie du Sud.

Les musiques de Newman pour les films à caractères religieux et bibliques eurent le même impact que celle de CAPTAIN FROM CASTILLE. Dans ce registre spécifique, THE SONG OF BERNADETTE fut l’une des plus célèbres d’entre-elles. Œuvre quasi religieuse et mystique à l’instar de celle du HUNCHBACK OF NOTRE DAME allait également devenir l’une des compositions phares et représentatives du « BIG » Al. Newman.