INTRADA RECORDS - INT 7168
Time: 51:46 - Tracks: 31
World premiere recordings of two elusive
Jerry Goldsmith scores ! INTRADA RECORDS
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Le réalisateur, Allen H. Miner de ‘Black Patch’ (L’homme au bandeau noir), apparaît à une époque où le genre du western connaît son apogée à Hollywood à la fin des années 50.
Il n’en est d’ailleurs pas à son premier coup d’essai puisqu’il réalisa deux autres westerns avant ‘Black Patch’, ‘Ride Back’ (1957) et ‘Ghost Town’ (1956). A l’inverse de la plupart des autres westerns américains de cette époque, ‘Black Patch’ ne se concentre pas sur l’héroïsme, les fusillades et les chevauchées endiablées mais sur une intrigue plus intimiste et dramatique dans laquelle le décor du Far-West parait finalement assez superflu (le film pourrait tout autant se passer dans une époque moderne). Le shérif Clay Morgan (George Montgomery) fait régner la loi d’une main de fer sur la petite ville de Santa Rita.
Un jour, il retrouve Hank Danner (Leo Gordon), un ancien ami venu s’installer en ville avec sa femme Helen (Diane Brewster). Helen fut autrefois l’amante de Morgan, mais elle décida de le quitter pour épouser Hank. Un jour, un shérif de la ville voisine et son acolyte viennent voir Morgan pour lui demander de les aider à rechercher un bandit qui a cambriolé leur banque. Il se trouve que la description correspond parfaitement avec Hank. Morgan est alors contraint d’arrêter son ami et de le mettre en prison, en attendant qu’il se décide à révéler l’endroit où il a caché l’argent.
Pendant ce temps, sa femme retrouve Morgan et tente de recoller les bouts avec lui, mais en vain. Elle est mariée et ne peut désormais plus vivre avec Morgan, pour qui elle ressent toujours quelques sentiments malgré tout. Un jour, Hank réussit à s’échapper grâce à un complice et se fait abattre dans la rue. Morgan arrive trop tard, rapidement entouré des habitants de Santa Rita, qui sont désormais tous convaincu que le shérif a abattu froidement Hank dans son dos.Les commérages ne cessent d’augmenter et d’entacher la réputation du shérif, surnommé ‘bandeau noir’ à cause du bandeau qu’il porte à son oeil gauche. Il finit même par s’attirer l’hostilité du jeune Carl (Tom Pittman), amoureux fou d’Helen et qui, convaincu lui aussi de la culpabilité de Morgan, jure de défier le shérif en duel pour lui régler son compte. Afin de prouver son innocence, le shérif va devoir découvrir qui a trafiqué l’arme de Hank (qui tenta en vain de tirer sur Morgan) et qui cherchait à mettre la main sur son argent.
L’originalité de ce western modeste tient donc dans le fait que l’intrigue se concentre autour d’une romance et d’un shérif qui doit prouver son innocence. Le réalisateur nous montre ainsi habilement les commérages qui ne cessent de prendre des proportions gigantesques à Santa Rita, tandis que le shérif se retrouve seul contre tous, traité injustement d’assassin et de bandit, obligé de mener lui même sa propre enquête. Allen H. Miner soigne sa mise en scène (très classique) et le rythme de l’histoire reposant autour d’une poignée de protagonistes entourés de personnages secondaires totalement sans intérêt (comme Pedoline, le gros mexicain qui passe la majeure partie du film dans le bureau du shérif pour échapper à sa femme).
Pour
Jerry Goldsmith, ‘Black Patch’ représente sa toute première participation à un film hollywoodien. En 1957, le compositeur est à peine âgé de 28 ans alors qu’il travaille pour la radio et la télévision en écrivant de la musique pour des émissions de la CBS. Sa participation au western d’Allen H. Miner n’est pas le tournant décisif que sera ‘Lonely are The Brave’ en 1962, au moment où Goldsmith fera la connaissance d’Alfred Newman – à la tête du département musique de la 20th Century Fox - qui l’aidera à se lancer dans le métier. Néanmoins, sa musique pour ‘Black Patch’ possède un charme indéniable qui nous prouve à quel point le compositeur avait déjà un certain talent, même à ses débuts - certaines informations circulent sur Internet concernant une hypothétique participation non crédité de Jerry Goldsmith à la musique du film ‘Don’t Bother To Knock’ en 1952, information non confirmée et difficile à vérifier (Goldsmith est alors âgé de 23 ans!).
Entièrement écrite pour orchestre symphonique, la musique de ‘Black Patch’ délaisse toute l’attirail western habituel. Ici, pas d’harmonica, de guimbarde ou de banjo! Goldsmith a choisi pour sa toute première partition pour un long-métrage d’écrire une musique orchestrale basée sur un thème principal fort, un thème plutôt mélancolique évoquant la solitude du shérif Clay Morgan, souvent développé par les cordes et les vents. Après une brève introduction du premier motif de 4 notes associé à Hank, avec cordes, vents, cors et piano (on trouve déjà ici une écriture plus rythmique du piano qui annonce par moment ‘Planet of The Apes’), sa musique dévie rapidement vers un style plus intimiste et mélancolique, tout à l’image du film. Le thème principal se met rapidement en place comme un véritable leitmotiv du shérif, et qui évoquera aussi ses sentiments pour Helen. A la fois intime et sombre, la musique évoque les sentiments des personnages principaux avec de bonnes orchestrations et un souci de développement flagrant du thème – une des caractéristiques fondamental du style de Goldsmith, qui rejoint par sa volonté constante du développement les préoccupations de Beethoven au 18ème siècle.
La musique évoque ainsi les sentiments profonds et les émotions des personnages, d’où un côté parfois introspectif et psychologique de la musique, assez étonnant pour une musique de western. Goldsmith se paie même le luxe de nous offrir un superbe mais très bref morceau d’action pour la scène de la bagarre entre Morgan et Hank, où cordes, cuivres et percussions s’en donnent à coeur joie, même si on est loin encore loin ici de la qualité des futures partitions d’action du compositeur.
Goldsmith prend le film très au sérieux et apporte une certaine émotion à celui-ci, que ce soit lors des moments intimes au début du film (avec un jeu très doux des cordes) ou lors de la scène où le shérif cache l’argent volé par Hank avec une variation du thème principal aux cordes et un motif d’accompagnement de quatre mystérieuses notes de vibraphone, qui crée un climat intrigant assez sombre pour cette scène (on sait que le shérif est dans les ennuis jusqu’au coup – la musique tente d’imposer un certain climat d’incertitude, d’inquiétude).
Goldsmith continue de développer le thème du shérif ainsi que le motif de Hank qui intervient dans les moments plus sombres du film (à noter l’utilisation d’un motif de sept notes de cors, souvent utilisés lui aussi dans des moments plus dramatiques), jusqu’à un final orchestral plus paisible où le thème du shérif revient une dernière fois de manière plus apaisé.
Intrusion logique dans « le grand cinéma » pour Jerrald Goldsmith, jeune créateur osé pour l’époque et innovateur déjà dans l’approche du genre. « Black Patch » est à ne point douter un premier essai concluant de la part d’un compositeur émergeant qui parallèlement apporte aussi une petite révolution musicale à la radio et la télévision. Bien que tombée dans l’oubli pendant quelques années, cette petite première partition orchestrale de Jerry Goldsmith a fait l’objet dernièrement d’une reconstruction et d’un nouvel enregistrement de très haute qualité dirigé par l'excellent et renommé William Stromberg, pour l’éditeur INTRADA RECORDS. (Avec le Royal Scottish national Orchestra).
Un projet « Renaissance » très attendu de deux scores inédits de Goldsmith qui ont vu le jour grâce à une campagne de financement Kikstarter. Combiné avec l’enregistrement d’un autre score TV, inédit aussi de Goldsmith, « The Man ».
Un régal !
Quentin Billard©
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